Pour ceux qui n'habitent pas dans une petite ville de province douillettement nichée dans la verdure impavide d'une forêt millénaire, le mot kebab évoque tout de suite des senteurs estudiantines de salade, de tomate et d'oignon.
Pour les mâles turgescents que nous sommes, c'est auprès des kebabs que nous avons trouvé durant des années les rares légumes censés compléter notre alimentation (une vache, une patate), ce qui nous permet de chasser toute culpabilité et de reprendre deux fois de la tarte à midi.
Pour les petites rues parisiennes, le kebab est l'image d'une vie de quartier réussie et d'un restaurant ouvert à toute heure, pour aller claquer ses 5€50 et récupérer de la viande bien grasse, des frites bien salées et une boisson bien fraîche. Que demande le peuple ?
Hop, une petite photo pour dégoûter les filles (qui statistiquement sont bien moins nombreuses à manger ça, parce que tu te rends pas compte mais en fait c'est plein de trucs qui donnent des boutons et de la cellulite et les pieds plats et les cheveux sales).
Bref. Le Kebab, c'est la vie. Maintenant encore, alors que je suis censé avoir grandi, mûri, et que je dois manger au restau une demi-douzaine de fois dans la semaine, le kebab reste une valeur refuge lorsque le Quick me fait défaut. Aaaah, sa sauce blanche. Aaaah, sa mayonnaise goûtue. Rien que d'en parler, je salive. D'ailleurs c'est assez dégueulasse sur le clavier.
Mais il y a quand même quelque chose que je ne m'explique pas. En dehors d'un ou deux Kebabs situés dans des endroits réellement stratégiques (genre place Monge pour gaver les étudiants gosses de riches qui veulent frayer avec le bas-peuple), est-ce que vous êtes déjà rentrés dans un de ces restaurants pleins à craquer ? Moi, jamais. Il y a toujours une ou deux personnes maximum à faire la queue, une ou deux personnes éventuellement déjà installées s'il y a des tables, et c'est à peu près tout. Mais une affluence comparable aux fast-foods genre McDo et Quick, ou même aux bonnes brasseries ? Absolument pas.
Pourtant, c'est vraiment pas cher. La plupart du temps 4,50€ sans la boisson, 5,50€ avec. Autant dire qu'on ne se ruine pas - et que même si c'est pas ultra-compliqué à préparer, la marge ne doit pas être si énorme que ça.
Bref: comment ils font pour vivre ? Je suis super content d'en voir partout à Paris, ça me permet de bouffer comme un porc à n'importe quelle heure, genre juste avant de rentrer en soirée ou bien dans la lumière d'un petit matin glauque - mais n'empêche, je me pose la question. C'est rentable, un kebab ?
Non, parce que bon. Yen a pas à Neuilly.