Marrant, hier soir à l'open bar j'ai croisé une fille qui était en couple depuis plus de deux ans, et qui se mariait en septembre de cette année.
Jusque là, rien de bien incroyable. Mais au fil de la discussion, il est apparu que les deux tourtereaux, tous deux fort pratiquants, fort catholiques, fort embourgeoisés, avaient la ferme intention de se préserver avant le mariage. Bref, aucune relation sexuelle.
Evidemment, curieux comme je suis, j'ai un peu creusé la question, et il semblerait que le "no sex" inclue également pas mal de préliminaires. En gros, en-dehors d'un petit bisou de temps en temps, ça a l'air d'être le désert.
Je viens donc vers vous, les yeux fous, le sexe en berne, le testicule timide (ah ! vous voyez que ça se dit) pour vous rapporter cette information: oui, aujourd'hui, il y a encore des couples qui restent vierges jusqu'au mariage. Bon, sauf intox monumentale montée par les principaux intéressés, mais honnêtement ce n'est pas vraiment le genre second degré, donc ça m'étonnerait un peu.
Sur le principe, je trouve ça mignon tout plein. C'est vrai, il y a du cul partout, partout, partout. Ca fait vendre, ça fait socialiser, ça fait passer de bons moments. Partout ! Jusqu'à moi qui milite justement pour désacraliser cet acte et le rendre aussi naturel que de respirer.
Mais si j'avais tort ? Si c'était une bonne idée, finalement, de donner un poids incroyable au rapport sexuel ? Si l'orgasme était réellement une petite mort, une porte vers la jouissance cosmique d'un nouvel âge réminiscent ? Si la fusion de deux corps était réellement le point d'orgue de toute une vie ?
Comme vous tous, il m'est déjà arrivé de ne pas pouvoir me lever après une séance particulièrement intense, un orgasme particulièrement violent, les jambes complètement coupées. Mais dans ce cas, je n'ose même pas imaginer ce que cela peut donner lorsque les gens ont fait l'effort de rester ensemble sans rien faire pendant plus de deux ans ! La cocotte minute doit être sous pression (oui, je suis poète).
Il m'est déjà arrivé, pour respecter le désir d'une fille de ne pas coucher le premier soir, de dormir dans un lit sans relation sexuelle. Les corps se touchent, les mains se promènent doucement, c'est complètement enivrant de sentir les sensations monter sans jamais les assouvir, c'est un plaisir rare, celui de la frustration qui monte et qui nous envahit. Parfois, d'aileurs, ces nuits sages ne le restent pas longtemps. Car, vraiment, l'interdiction est un ingrédient de sensualité très puissant.
Mais deux ans ? Oh my god, déjà deux heures, vous ne voulez pas que je vous décrive mon état.
Et puis surtout, surtout, il y a le piège. Dans une relation, on se retrouve quand même beaucoup autour du sexe, surtout à nos âges. A mon avis, entre 15 et 40 ans, le sexe et la libido forment un des piliers du couple. Combien de fois j'ai pu voir des ami(e)s casser pour ce motif (même en le déguisant pudiquement sous un autre) ?
Alors imaginez. Imaginez ce couple parfait qui reste deux années ensemble sans jamais rien faire. Imaginez la nuit de noces. Le bonheur, le plaisir, l'anticipation.... et puis Monsieur a bu beaucoup de champagne, Madame est stressée, la catastrophe. Deux ans d'anticipation foutus en l'air par une pression monumentale. Mais même sans ça. Le couple se révèle incompatible, si si, ça arrive. L'un ou l'autre ne ressent rien. Quoi alors ?
"Bon, chéri, on fait quoi, on divorce ?"
"Mais on vient de se marier hier !"
"Ouais t'as raison on va attendre que tous les cadeaux de la liste de mariage soient arrivés d'abord"
Enfin, franchement, ça me dépasse. Oui, c'est beau. Oui, c'est romantique. Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver ça très con, surtout.
Quand on achète une voiture, on l'essaie d'abord :o