Lundi soir, 19h30, soirée motivation pour le boulot. Tout le monde est sur son 31, les associés sont présents, le champagne va couler à flots. Ca se passe sur une péniche et les voitures s'alignent sur le parking dégagé pour l'occasion. Ce soir, c'est soirée disco.
Le Boris que je suis y va en traînant les pieds. Faut dire, le lundi, c'est pas vraiment le moment pour se bourrer la gueule sur une piste de danse d'une part. Et puis d'autre part, c'est pas que je n'aime pas mes collègues, mais séparer vie privée et vie professionnelle, c'est toujours mieux. Sans compter que je ne suis pas célibataire donc que je ne pourrai même pas en profiter pour copuler rapidement sur le buffet des hors d'oeuvre. On ne se rend pas compte de ce à quoi on renonce, hein, quand on se met en couple.
Bref, j'traîne des pieds, des cass'roles, tout ça. Comme c'est vaguement obligatoire pour l'esprit corporate et que les p'tits gars de mon équipe y sont, je me motive quand même. Je prends ma première flûte de champagne et je commence à discuter avec les avocats présents.
...au bout de cinq coupes, l'ambiance est déjà plus détendue et les gens plus légers.
...au bout de dix coupes, l'atmosphère s'est considérablement réchauffée. D'autant plus qu'on ne nous sert que des amuse-gueules, qui sont certes très bons et très raffinés mais qui ne calent certainement pas l'estomac. Du coup, sous l'effet combiné de ce jeûne ramadanesque et de ces libations bacchiques (bacchanalationnesques, même), tout se combine pour faire tanguer le plancher.
Evidemment, nous sommes sur une péniche, donc le roulis est naturel. Mais ça amplifie un peu cette sensation de tomber, tomber. On discute, on parle, on boit. Mes collègues se révèlent beaucoup plus sympathiques que lorsque je n'ai pas bu.
Et je rentre à une heure civilisée pour rejoindre Dulcinée et lui souffler mon haleine de poney au visage avec un visage tout mignon ou presque.
Le test a réussi, le seul test valide, le seul qui permette de valider une relation: je suis venu, j'ai bu, et je n'ai pas dragu.
Il faut dire qu'elles étaient toutes moches.