Ok, ok, j'avoue que je n'ai pas fait un effort énorme sur le titre. Mais merde quoi, même les génies ont droit à des vacances (hum).
Et puis bon, ça exprime quand même pas mal l'outrage et la rage qu'ont fait naître en moi ce fameux séjour Bourboulesque de la veille.
Parce que oui, mesdames et messieurs, pour l'intérêt de l'art (et des biftons), j'ai testé pour vous la Bourboule en hors saison. Eh ben c'est déprimant !
Commençons par le commencement. Normalement, je n'ai pas à visiter des endroits aussi paumés (vive l'Auvergne). Evidemment, je me retrouve parfois à Brive la Gaillarde, mais c'est au moins desservi par l'autoroute, et c'est pour rencontrer des grands groupes. Les trucs pourris, comme tout manager digne de ce nom, je les laisse à mes commerciaux. Logique, hein ?
Sauf que évidemment, je n'avais pas prévu que l'un d'entre eux tomberait malade cette semaine et m'obligerait à assurer certains de ses rendez-vous importants. Et donc qui se colle la tournée des grands ducs ? C'est bibi.
Qui n'a jamais traversé le plateau de Mille-Vaches en pleine nuit sous une pluie battante ne comprend pas le véritable sens du mot solitude. Malgré les feux de route (qu'on peut allumer en toute sécurité, ya personne), on n'y voit pas à deux mètres. On roule doucement en regardant avec angoisse son GPS qui flanche ("il ne vous reste plus que trois satellites opérationnels... plus que deux... plus qu'un...") en se demandant ce qu'on va faire si jamais on se retrouve au fin fond du plateau sans carte routière ni repère. On regarde en même temps la jauge d'essence qui est sur 1/4 de réservoir. Ca a l'air beaucoup comme ça mais on s'inquiète quand même un peu. Et puis il pleut, bordel, et on voit rien. Ah non, ça je l'ai déjà dit.
Du coup, impossible de progresser plus loin, je décide de chercher un hôtel avant d'être complètement paumé et que mon GPS me lâche. Je le programme pour trouver un hôtel dans les 10 bornes. Rien. Génial.
Je le programme pour chercher dans les 25 bornes. Rien, sauf un truc qui s'appelle le "relais des voyageurs" sans étoile qui a l'air bien pourri, je me dis que je vais chercher autre chose.
50 bornes ? Ah, ça y est ! Ca inclut tout d'un coup la Bourboule et une dizaine d'hôtels apparaissent sur mon écran. Je les appelle un par un. Ca sonne dans le vide. Dans le vide. Dans le vide.
Au huitième hôtel, j'ai l'explication: "ah mais désolé Monsieur mais on est fermés vous savez, c'est pas la saison là, moi je suis le service de nuit".
Bordel, bordel, bordel ! Je me disais bien que "La Bourboule" avait un nom connu mais je ne me rappelais plus pourquoi. Mais mainteannt je me souviens. Ce sont les fameuses cures, et donc complètement vide en décembre. Bordel de merde.
J'appelle le 9e hôtel d'un doigt tremblant. Miracle, c'est ouvert. Je n'arrive pas à y croire. Je commande une chambre. Vus les prix hors saison, je peux même avoir dans les frais une suite de quatre-pièces. Le bonheur intégral ! Enfin, je vois le bout du tunnel.
...sauf que je suis toujours paumé au milieu du plateau de Mille-Vaches et que mon GPS décide de me planter après tous ces appels. Je passe 30mn à tourner en rond en cherchant un satellite, que je finis par retrouver. Vogue la galère, c'est parti pour 50 bornes à flanc de montagne, toujours sous la pluie battante, pour descendre vers la Bourboule.
J'arrive là-bas sur les coups de 20h (oui, parce que la nuit, je le rappelle, tombe vers 17h en ce moment... quelle connasse cette nuit - quoi, vous croyiez qu'il était plus tard ? Ouais mais je suis une petite nature). C'est une ville fantôme, c'est impressionnant. Personne, personne, personne.
Tous les magasins sont fermés, tous les restaurants sont fermés (gloups, ça va poser problème), toutes les maisons ont les volets barrés, les éclairages publics (j'avais écrit pubics, décidément...) sont éteints, le casino est en berne, c'est glauque à souhait. On n'entend que le bruit de la pluie et du ruisseau qui coule au milieu de la ville.
J'arrive à l'hôtel, trempé comme une soupe. On me file les clés de la suite. Je demande s'il y a du monde dans l'hôtel, on me répond "non non, vous êtes le seul client avec deux commissaires aux comptes". Spooky. Un immense établissement complètement vide dans une ville complètement vide. Faut pas être cardiaque. Heureusement, je me console en pensant à la super suite que je vais pouvoir investir.
...Ce qu'il faut préciser au sujet des quatre-pîèces, c'est que c'est grand. 90m² environ. Du coup, ça prend du temps à chauffer. Beaucoup de temps. En fait, toute la nuit n'y suffira pas avec tous les radiateurs à fond. Je vais passer des heures à grelotter au fond d'un lit trop grand près d'un salon trop grand où je ne mettrai de toute façon pas les pieds.
Reste à s'occuper de manger. Evidemment la partie restaurant de l'hôtel est fermée. Evidemment il n'y a rien dehors. J'erre désespérément sous la pluie. Heureusement, une amie charmante me raconte ses histoires sentimentales ce qui m'occupe un peu pendant que je marche.
Quand soudain... au loin... une lumière ! Oh my god, de la vie ! Je m'élance, un peu inquiet à l'idée de tomber sur des revenants ou des spectres, mais en fait non, c'est une brasserie-pizzeria.
La fin du calvaire. Une calzone, une ! Dans un établissement chauffé ! Avec Rabbi Jacob à la télé ! Le rêve.
Flinguez-moi.