Le pique-nique arrive, et je vais la récupérer à une station de métro pour nous rendre sur place. C'est aux jardins de Bercy, le ciel est bleu, les oiseaux gazouillent, j'érectionne derechef. Pour ceux qui aimeraient me gueuler dessus et me critiquer pour mes moeurs légères, j'en profite pour dire que j'étais toujours avec la fameuse infirmière à cette époque. Heureusement, vous comprendrez mieux quand je vous parlerai d'elle. Mais bon, en attendant vous avez le droit de m'engueuler.
Je la retrouve donc sur le quai, toute mimi dans sa grande robe, avec des lunettes de soleil digne d'Ava Gardner au sahara. On va rejoindre les amis dans le coin, qui se lancent des regards appuyés en voyant qu'on arrive ensemble. Ah la la, décidément, on n'empêchera jamais les gens de se comporter comme des gamins et de colporter des ragots dès qu'ils peuvent.
J'aime bien.
Bref, le pique-nique de la maison d'édition se passe bien, même très bien. Je ne discute avec aucun des auteurs pour m'intéresser à la belle, et vas-y que ça papote. Ce qui m'a très agréablement surpris, c'était son manque de manières. Je m'attendais à une Pink Lady bis, en pire parce que sang bleu, et finalement je trouve une fille qui mord à belles dents dans une cuisse de poulet. Je ne sais pas, j'avais du mal à faire le lien avec les reportages qu'on voit parfois sur les familles royales.
Je vous préviens, à partir de maintenant ça va devenir intense. En effet, la noblette se découvre une envie subite de pisser (on est glamour ou on ne l'est pas, hein). Et comme le parc de Bercy n'est pas extrêmement clair sur ce sujet, il va falloir qu'elle retourne vers le village et le cinéma. Tous les regards se tournent vers moi puisqu'il faut bien l'accompagner.
Et pour la première fois, nous voilà seuls.
Je vous épargne le suspense, il ne s'est rien passé de sexuel ni même de réellement sensuel sur le trajet. On n'attrape pas les mouches avec du vinaigre et les nobles avec du sp... bon, je vais m'arrêter là avant de déraper sur une pente savonneuse dont la blancheur virginale n'a d'égale que la pulsation sourde des vibrations d'une huître ouverte sur une perle lumineuse.
Petite frayeur lorsque, discutant de sa chevelure chatoyante, elle observe: "non mais ya que mon copain qui peut me toucher les cheveux sinon je n'aime pas". Merde, me dis-je in petto, en deux semaines de conversation c'est vrai que nous n'avons jamais abordé ce sujet (et pour cause), la belle est-elle déjà en couple ? Tout s'effondre !
Je lui fais part de mon émoi et elle sourit. Sa réponse: "Non je voulais dire, le jour où j'aurai un copain, il pourra me toucher les cheveux"
Evidemment, je lui passe la main dans les cheveux. Nos regards se croisent. C'est un moment magnifique pour s'embrasser mais on ne le fait pas. A la place, on rejoint les autres et elle part rapidement pour rentrer chez elle. Je reçois un texto: "A quand la prochaine fois ? Que fais-tu demain ?"
Salaud jusqu'au bout des ongles, enfoiré jusqu'au bout des racines, connard jusqu'au bout de la nuit, je décroche mon téléphone et je compose un numéro. Une voix ensommeillée me répond au téléphone.
- Oui ? fait l'infirmière.
- Je pense qu'il vaudrait mieux arrêter entre nous, je fais.
Puis j'appelle la nobliaute et je confirme un rendez-vous le dimanche soir.