Ca faisait longtemps, tiens.
Longtemps que je ne vous avais pas parlé de ma voiture et du démon qui se love en son sein (ce qui nous prouve qu'on peut mettre les mots seins et love dans une phrase sans parler de cul).Oui, parce que ma voiture a une vie propre. Complètement.
Ceux qui me connaissent rectifieront le "propre" d'eux-mêmes.
M'enfin il n'empêche, j'ai l'impression que j'attire les emmerdes avec cette voiture. Je dois avoir une bonne dizaine de PVs collectionnés dans un coin, que je garde jusqu'à la prochaine amnistie en ayant le sentiment de plus en plus intense que je vais me faire enfler et que je devrai tout payer avec majoration.
Impossible de trouver un parking à louer/vendre dans mon coin donc forcément, si je rentre tôt c'est bueno, si je tombe mal c'est burno. Et là, c'était un cas flagrant de burnissage.
Faut dire que j'avais fait fort. Il y a une impasse privée pas loin de chez moi avec pas mal d'ambassadeurs et de consuls, du coup on voit des voitures CD qui passent en permanence. Et moi j'ai empiété (un peu) sur leur passage.
Rhoo mais ça marchait hein. Il était tard, j'en avais marre, et j'ai vu une 607 passer largement. Du coup, sauf s'ils ont des transferts de fond secret par camions Western Union, il n'y avait pas de soucis.
Seulement voilà. Le lendemain, je reviens et elle n'est pas là. Je pense à un voleur (ben ouais, Neuilly c'est quand même une banlieue chaude, merde) mais bon en-dehors d'une boîte de Petits Ecoliers sur le siège passager pour éponger la faim, il n'y a pas grand chose à piquer dedans. Sauf mon ordi et mes affaires du boulot. Et merde.
J'appelle les flics. Ils ont en effet embarqué ma voiture. Je passe au poste pour la récupérer, et là c'est le drame.
1) Ma carte grise n'est pas à mon nom mais à celle de ma boîte et de la société de leasing. On me regarde d'un air soupçonneux, le policier me dit "vous avez du bol qu'on s'en rende compte comme ça, si jamais on vous arrêtait pour une contravention quelconque ça irait pas comme papiers". Glups.
2) "Ah oui, c'est vous l'Alfa ? Ouais alors en fait j'ai pas une très bonne nouvelle, les gens du consulat se sont acharné dessus à la peinture, enfin je pense que c'est eux, ils avaient pas l'air très contents"
Hum...
A côté de moi, il y a une fille dans le même cas que moi (i.e. papiers en leasing) qui râle contre son cabinet d'audit au téléphone. Mignonne mais avec une magnifique bague à l'annulaire. La vie est cruelle et refuse même à votre serviteur la consolation d'une copulation pour partager nos misères respectives.
Bon je vois les formalités avec le flic qui est un peu embêté. "Non mais vous comprenez on sait pas vraoment si c'est eux ou pas, et puis de toute façon immunité diplomatique, c'est pas pour un pot de peinture que ça va changer quelque chose, hein, à votre place je porterais plainte contre X et puis voilà c'est réglé."
Bon, j'essaie mon plus beau sourire sur la fille en demandant si elle s'appelle X et si je peux me rapprocher, mais en fait la blague n'est pas drôle. Plus sérieusement on attend tous les deux que nos groupes respectifs nous envoient les attestations de leasing en discutant avec le flic, pendant qu'on amène des délinquants neuilléens dans la salle (les plus dangereux, genre inculpés de crotte de chien prohibée).
Au final les choses s'arrangent même si je me demande dans quel état je vais retrouver ma bagnole. Nous faisons taxi commun avec la fille, toujours aussi charmante et toujours aussi maquée, qui tient à payer parce que "j'ai un très bon boulot et mon mari aussi, on peut vous offrir ça, c'était sympa de me tenir compagnie". Huhu, je n'en demandais pas tant.
Incidemment, on se paume dans Clichy because le taxi ne sait pas brancher son GPS. Si j'avais été la personne qui payait, j'aurais râlé. Là je me contente de voir le compteur tourner en haussant un sourcil.
On arrive à la fourrière. On récupère nos clefs respectives. On va voir ma bagnole pour constater les dégâts... ouf, plus de peur que de mal. Ils se sont contentés de tracer de gros sens interdits rouges un peu partout et de marquer sur la vitre arrière "IMPASSE PRIVEE ON NE VEUT PAS DE VOUS ICI".
Sortez les plumes et le goudron. Neuilly, c'est le Far West. Il ne fait pas bon jouer avec la loi de ce côté du Pecos. Bon, en même temps je réalise que ce n'est pas de la peinture mais du gros marqueur, ça part avec un coup de chiffon. J'en suis bon pour un lavomatic.
Je vois dans le lointain la fille qui se barre au volant de son Aston Martin. Ok, elle gagne plus que moi, je ne regrette plus de lui avoir laissé la course. Elle me fait un signe de la main pendant que je reste comme un con avec mon paquet de mouchoirs à frotter le plus gros.
Maudite, cette voiture. Maudite.