C'est beau, ces mots, lorsqu'ils sont prononcés durant un mariage. Ca donne un frisson de la moelle épinière, un battement de paupière, le regard tout amoureux des deux personnes qui vont s'unir pour la vie (enfin, jusqu'au divorce).
Ouais, c'était un beau mariage. Ce qui ne m'a pas empêché de faire mon boulet. C'est plutôt une bonne nouvelle, du coup ça fait plus de choses à écrire.
Commençons par le commencement. Je me lève super tôt le samedi matin pour préparer cette grande journée. Aux alentours de 9-10h, quoi. Je ne savais même pas qu'il y avait des gens dans les rues le samedi matin, c'est beau ! Pourtant ça grouille de partout, à croire que personne ne fait de grasse mat. Du coup, moi qui étais allé porter quelques chemises au pressing pour avoir une bonne gueule, j'ai tout de suite l'air con. Il y a au moins dix personnes devant moi, et l'heure tourne.
Courageux comme un aurochs, soufflant comme un buffle, souple comme un cougar, majestueux comme un colibiri, je me faufile devant tout le monde en disant "pardon, pardon, désolé, ya urgence, c'est pour un mariage, pardon, pardon".
Bon. C'est à ressortir, l'excuse du mariage, parce que personne ne m'a trucidé sur place. Du coup j'ai squeezé la queue et demandé à l'accorte demoiselle du 5 à sec si je pouvais avoir ma chemise dans le demi-heure parce que euh bon voilà quoi. Elle me lance un regard assassin et promet qu'elle va s'en occuper. Ouf. Une bonne chose de faite.
Maintenant, le cadeau. Je trouve une su-perbe carte dans la librairie du quartier. Un machin avec marqué "tu draguais, tu draguais, maintenant tu ne pourras plus. Tous mes voeux de bonheur pour ton mariage !". De très bon goût donc exactement ce dont j'avais besoin. J'y ai glissé le chèque que j'avais décidé de faire pour essayer d'être original, et la feuille blanche qui contiendrait bientôt la septième merveille du monde, le poème improvisé que j'allais leur remettre. Ouais, motivé le batracien.
Sauf que le temps de récupérer la chemise, programmer le gps et prendre une douche, l'heure tourne. Je suis à la bourre, du coup je prends la carte vierge et je pars en trombe. 1h30 pour faire Paris-Béthune, j'espère que vous admirez l'artiste. A ce propos, c'est quand même sympa ce principe de prévenir des radars avec un panneau, du coup ça enlève tout intérêt auxdits radars. C'est con ce système. M'enfin je ne vais pas m'en plaindre.
La cérémonie commence à 14h30, je gare la voiture dans le parking de l'église à 14h22. Bien joué. Bien géré.
Bon, là, ceux qui ont un peu suivi vont se faire un plaisir de me rappeler que ma carte est toujours vierge. Je sors un stylo et dans la bagnole étouffante, je leur tourne un magnifique panégyrique digne de Victor Hugo mais sans la barbe. 14h31. Je m'engouffre dans l'église.
14h32. Je ressors de l'église. Le mariage précédent n'était pas terminé. Ah, c'est pour ça que les autres attendaient dehors, je me disais aussi.
14h40, cette fois c'est bon, on y va. Je vais saluer le marié et la mariée. Oh my god, elle est vraiment superbe. Toute la prépa me revient à l'esprit. Merde, elle est géniale cette fille. Bon, l'ennui c'est que son mec aussi est super sympa, du coup je ne peux même pas l'envier avec bonne conscience.
On rentre dans l'église, la musique commence à jouer. Quelqu'un marche sur le voile de la mariée qui part brutalement. Philosophe, le prêtre murmure "Normalement on l'enlève au moment du baiser nuptial mais de toute façon je pense que vous avez déjà pris de l'avance".
Ouais, parce qu'on avait quand même un Power Prêtre de qualité, là. Si tous étaient comme ça, j'irais plus souvent à la messe. Son homélie sur le mariage ressemblait un peu à mon blog, en fait.
Morceau choisi: "Ouais, maintenant on voit des gens qui s'unissent pour cocooner devant la Nouvelle Star ! Mais l'amour de dieu, c'est pas ça ! C'est le désir, c'est la puissance du désir, c'est la conception d'enfants qui courront gaiement dans le jardin que vous ne manquerez pas d'acheter"
Power Prêtre, donc. Sauf que malheureusement, comme tous les gens qui savent bien haranguer les foules, il en a profité pour légèrement dévier sur 1) la perte de vocation épiscopale et 2) le besoin d'argent pour rénover son église. Du coup il y a eu deux quêtes, une au début et une à la fin durant l'offrande.
Et là, Batracien devient rouge vif de honte. Car dans ma précipitation, j'ai laissé pas mal d'affaires dans la bagnole, et en particulier mon portefeuille. Bah ouais, quel intérêt d'emporter ma CB dans une église, m'étais-je demandé in petto. Ben j'étais bien inpetté maintenant.
Heureusement, le destin farceur m'a sauvé la vie. Une fille juste à côté de moi dans la rangée se penche soudain vers moi et me fait "Désolée mais je suis sûre qu'on s'est déjà vus à un moment ou à un autre, je me rappelle pas quand."
Je la regarde. Ouais, elle me rappelle en effet quelqu'un, mais alors à quel moment ? J'ai une mémoire de merde, décidément. Du coup, je fais ce que n'importe qui aurait fait à ma place.
"Ah ouais bien sûr ! Ca tombe bien, tu aurais de l'argent pour la quête ?"
Pour les mauvaises langues, je l'ai remboursée à la sortie, hein. Mais je pense qu'elle ne s'attendait pas franchement à cette réplique.
Bon, le mariage passe en accéléré, la liturgie évolue plus vite que je pensais. On n'a même pas eu le '"si quelqu'un s'oppose à cette union blablabla". Mais bon c'est peut etre uniquement dans les films américains. Dommage, j'aurais bien aimé m'opposer, pour rire (huhu, sommes-nous donc taquins).
Finalement, la cérémonie se termine. Les mariés se roulent une pelle (putain, elle est sexy quand même) et nous applaudissons à tout rompre. Puis, direction le vin d'honneur.
Le vin d'honneur, c'est le truc le plus chiant dans les mariages. Le moment que tout le monde redoute. Heureusement, d'habitude, c'est 2-3 heures maximum. Bah là non. De 15h30 à 20h30, sans que je connaisse personne, la classe internationale. En plus, étant Dulciné-isé, je ne pouvais même pas draguer pour passer le temps.
Tiens, en parlant de drague, gros moment de solitude lorsque la mère de la mariée (que je ne connais pas) vient vers moi en disant "tiens, j'ai l'impression que je vous ai déjà vu vous !"
Moi: "euh je ne pense pas. J'étais simplement avec votre fille en prépa"
Elle: "Ah bien sûr ! J'ai du confondre alors... bon et alors vous faisiez partie de ceux qui la draguaient en prépa et qu'elle fuyait comme la peste ?"
Moi: .....
Elle: "Je plaisante, je suis sûr qu'avec vos yeux elle vous serait tombé dans les bras"
Moi: *suicide au punch*
Le vin d'honneur avance. Je finis par réunir un petit groupe sympa histoire de passer le temps mais bon, le temps passe quand même lentement. Du coup, je fais le tour de mon carnet de téléphone histoire de passer le temps (Daviso, boulet sur messagerie). J'écoute même les histoires de guerre d'un grand-père qui passait dans le coin.
Parce que ce n'est pas n'importe quelle cérémonie, hein. Les familles ayant les moyens et voulant le bonheur de leurs enfants, on a droit à une fontaine de champagne, une fontaine de jus d'orange, des pâtisseries Lenôtre dans tous les sens, et un gigantesque jardin avec le soleil qui tape.
Enfin, l'heure arrive ! 20h30 ! Enfin la bouffe !
Là, j'ai une très agréable surprise (et je le dis sincèrement): il y a 16 tables pour tous les convives. Or le plan de table m'installe en face de la mariée. Je sais qu'ils ont fait ça parce que je ne connaissais personen d'autre, mais ça m'a quand même fait super plaisir. Du coup, le repas s'est très bien passé. D'autant plus que, comme déjà dit, le marié est très sympa aussi. Par contre, il y a également des photos à foison de leur rencontre, de leur parcours (8 ans ensemble), etc. Et j'ai un coup au coeur en voyant les plus anciennes. Je ne me rappelais plus à quel point elle pouvait etre mignonne en prépa.
L'alcool coule à flots, les sketches s'enchaînent. Je mélange punch, martini, vodka, champagne, vin blanc, vin rouge. Tout d'un coup, ma voisine de gauche me semble tout à fait sensuelle (ouais, l'alcool a cet effet sur moi). Je commence à la dragouilller, tout en restant d'une fidélité exemplaire (ils devraient donner des médailles pour ce genre de trucs). Il doit etre 5h du mat, je suis sur la piste, je me fais vaguement chier. La fille me demande si je rentre au même hôtel qu'elle. Et merde.
Sur une impulsion, je fais mes adieux aux mariés et je quitte l'endroit pour retourner à Paris.
220 bornes à 5h du mat avec un taux d'alcoolémie vaguement élevé. C'est mal. C'est très mal. Kids, don't do this at home. Mais tout se passe bien et je réintègre mes pénates.
Wala. Ouf. La note fut longue, pour une fois.