Ok, le jeu de mots est pitoyable. Mais franchement, vous avez échappé à bien pire. Pendant que je roulais, je me faisais des réflexions profondément stupides du genre "Si l'heure est loir et que le loir est cher, alors ça prouve bien que le temps, c'est de l'argent".
Oui, on s'emmerde pas mal quand on conduit.
Mais, vous demandez-vous soudain, qu'est-ce qui a pu conduire un être aussi brillant (n'ayons pas peur des mots) sur des routes aussi cabossées ?
Bonne question. Et comme j'ai été privé d'internet pendant deux jours, je vais vous faire un compte-rendu assez long. Heureusement, ça a assez foiré dans tous les domaines pour que je ne m'inquiète pas: ya de quoi dire.
Au début, pourtant, ça paraissait simple: rencontrer quelques gros bourrins de la cosmétique sur leur lieu de prédilection: le Centre. Mais ce qui devait être une petite balade champestre qui m'aurait fait revenir auréolé de prestige et couvert de parfums 'achement chers est devenu un peu bordélique.
Prenez le début, déjà. Je réserve une voiture mardi à midi pour pouvoir partir avec une bonne marge de manoeuvre. J'arrive à l'heure dite à l'agence (bon j'ai raté mon bus et j'ai poireauté 20mn sous la neige mais ça c'est accessoire). Derrière le comptoir, un gars avec une bonne trogne d'alcoolo, probablement rattrapé par la grippe aviaire, qui me tousse dans la gueule que personne ne l'a prévenu et que je n'ai rien réservé du tout.
J'appelle la centrale de réservation, je gueule un peu, je tombe sur le responsable du plateau, qui va vérifier et revient avec une voix hilare: "ah ben c'est marrant on a oublié votre fax sur une des imprimantes".
Groumpf. Pendaison, décapitation, bombe à neutrons. M'enfin il faxe enfin son document, et je peux prendre une voiture. Une peugeot 1007, pour ceux qui s'y connaissent un peu (pas moi).
Putain, cette bagnole c'est le remake de Kitt dans K2000, c'est pas possible. Avec un bouton les portières glissent d'un côté ou de l'autre, le coffre s'ouvre, tout ça sans bruit. C'est génial comme principe, sauf quand on tombe sur un mec aussi peu doué que moi. Je m'installe à l'intérieur, et j'appuie sur le bouton pour refermer la portière. Paf, c'est celle du côté passager qui s'ouvre. Merde, je tenais le truc à l'envers. Pas grave, je retourne l'engin, je referme tout, j'appuie sur le bouton qui verrouille le système - et paf le coffre s'ouvre. Ah ben oui, suis-je bête, j'avais retourné le bitonio.
Bon, cette épreuve intense passée, mes bagages à l'intérieur, je pars donc joyeusement dans la Beauce. C'est pas très loin de Paris, comme région, mais boudiou comme on sent la différence ! Enfin l'air pur de la campagne, le cul des vaches, et les serveuses gaulées comme des bouteilles d'orangina. On en rêverait la nuit.
Rien à dire sur le premier rendez-vous mais le second... pardon, le second ! Je tombe sur un cliché vivant. Le gars qui considère que, parce qu'il est directeur, il doit faire du golf. Et vu que je le rencontre, je me dois d'en faire aussi. Je décline poliment, en prétextant qu'il est 17h30 et que voilà, quoi. Il m'excuse et commence à sortir un cigare gros comme mon poignet (ou mon sexe... non ? Bon). Au bout d'une heure, on est super potes. Génial. Je supporte pas ça. Le mec est complètement déchiré, il veut absolument venir faire la tournée des bars avec moi, j'explique que je ne peux pas, il insiste, j'invente un rendez-vous professionnel, il regarde sa montre et me dit "quoi, à 20 heures ?"
Bon ok parfois je suis nul en mensonges. J'improvise un rendez-vous galant, et là il me claque l'épaule avec un sourire entendu. "Ouais ouais, tu as raison de profiter de la région ! Ya des bonnes paysannes, hein ?"
Ok, traitez-moi d'asocial, mais je ne supporte pas les gens qui vous considèrent comme des supers amis au bout de deux heures et qui se permettent ce genre de réflexion, surtout avec le mouvement de hanche qui va avec. Ah la la, on se demande où vont les entreprises françaises avec ce genre de veau tricolore dans les étals.
Bon, si cette personne lit ce blog et s'y reconnaît, je suis mal. Mais bon les chances sont infimes, je doute que ce genre de primates passe du temps sur internet alors qu'il pourrait sauter sa secrétaire.
Prude ? Moi ? Non ! Mais la vulgarité, c'est sympa uniquement quand c'est fin. J'aime pas les gros bourrins. Na, c'est dit.
Je prends donc congé de l'encombrant boulet et me retrouve en pleine nuit au fin fond de l'Eure et Loire (c'est là que certains viennent de comprendre le jeu de mot du début :p) . Qu'à cela ne tienne, je sors mon super truc 3G dernier cri qui permet une connexion internet formidable histoire de tomber sur mappy ou les pages jaunes.
Marche pas.
Génial, vive la technologie, donnez-moi une carte Michelin bordel ! Bon, j'appelle les renseignements, je leur demande "un hôtel dans le 28, euh, non je sais pas où je suis, n'importe quelle ville, oui oui". Petite parenthèse, les gens de France Telecom, là, le nouveau numéro 712, sont pas mal efficaces quand on est paumés. Ils font de gros efforts. Et du coup je trouve un Campanile.
Zetes prêts ? je vais cracher ma bile.
C'est NUL le Campanile ! Je connaissais pas, mais là j'ai eu droit à la totale. Chambre sur l'autoroute, que même avec les volets fermés on entend encore le ronronnement des voitures. Pas de chauffage dans la chambre, tout contrôlé au niveau de l'hôtel (enfoirés !). Pas de wifi (connards !). Un repas qui consistait en un carré d'agneau (ya pas !) euh je veux dire un faux filet (ya pas !) euh donc une omelette de saison. Rien à la télé, je déprime en regardant le Droit de Savoir sur Outreau. C'est affreux (je parle de ma soirée, hein, pas de leur calvaire).
Je m'endors la bave aux lèvres. Le lendemain, 8h du mat , une femme de ménage qui rentre brutalement dans la pièce avec son aspirateur à fond et qui allume la lumière.
Bon.
Je dors toujours nu.
Bon.
Je repousse souvent les couvertures pendant la nuit.
Bon.
"Aaaaaaaah !" que je fais.
"Iiiiiiih !" qu'elle fait.
"Putain mais qu'est-ce que vous foutez ?" que je demande.
"Putain mais pourquoi t'as pas mis l'écriteau "ne pas déranger"" qu'elle me tutoie.
"Parce que je suis arrivé à 22h et que j'ai pas vu" que je me cache sous la couette.
Bon elle se barre. Enfin.
Comme j'ai pas mal de route dans la journée, je me dis que je vais aller m'acheter un ou deux CDs à écouter dans la bagnole histoire de passer le temps. Manque de pot, c'est pas à Tremblay-les-Villages qu'on trouve beaucoup de musique. Je finis par trouver un machin qui s'appelle "Hit Mix 70-80-90". 4CDs avec des hits sur trente ans, je retourne le boîtier et je vois du Bob Marley, du Nirvana, du Madonna. Bon, c'est éclectique au moins. Comme ya rien d'autre, je prends.
Evidemment, c'est une fois le CD enclenché que je découvre le pot aux roses: il s'agit de remix par un groupe absolument pas connu, et c'est absolument nul. Qui n'a pas entendu la macarena chanté par un mec enroué ne connait pas le véritable sens du mot douleur.
Bref, je vous épargne les rendez-vous de la journée pour arriver au dernier rebondissement: le big boss du groupe que je dois voir à 17h m'appelle à 16h55 pour me dire qu'il doit décommander.
"Mais je suis en train de me garer" je protese
"Ben je vous épargne un créneau, comme ça".
L'enfoiré.
Voilà voilà, c'est donc l'intégralité de mes aventures de ces deux derniers jours. Ne vous inquiétez pas, je suis convaincu que ce soir j'aurai aussi des histoires stupides. C'est un don, faut croire.
Un don.